dimanche 13 décembre 2009

Mise au point & tranche de pain ... Quel titre ?

Non, je vous jure, n'essayez pas de comprendre ce titre. Même moi je ne sais pas comment j'ai pu en arriver à l'imaginer celui-là.

Enfin, surtout la fin du titre. Non parce qu'on pourrait ne pas le croire, mais c'est dur de trouver un titre, en effet le titre c'est le début de quelque chose, la première phrase d'un texte. On ne peut jamais trop se focaliser dessus pour autant car il ne doit pas tout révéler, il doit laisser une part de suspens. C'est difficile de trouver un bon titre car il faut aussi qu'il soit accrocheur pour drainer un public le plus large possible, attirer les gens vers vous. Un titre c'est un peu comme le feu d'un naufragé sur un île déserte. Plus il sera grand, lumineux et les chances qu'on voit ce pauvre naufragé au milieu d'une mer paisible mais pour autant dangereuse seront élevées.

Ainsi donc, le naufragé commence par ramasser les bouts de bois séchés qui trône sur le sol et dans la jungle. Il les rassemble et allume le feu, c'est une joyeuse flambée. A partir de ce moment, on commence à distinguer deux sortes de naufragés : le premier se satisfait de se feu et va faire une petite sieste à l'ombre d'un cocotier avant d'aller se chercher trois fruits à manger.
Le deuxième, quand à lui, ne se sentira pas prêt à être sauvé par ce petit feu. Méthodique et obstiné, il repart dans la jungle pour trouver de petits arbres qu'il pourra déraciner à la main.
Il s'active, mange peu et boit beaucoup d'eau fraîche. Avec cette flamme dans les yeux, ce feu qu'il imagine depuis le début et qu'il n'a pas réussit à mettre en œuvre la première fois. Une fois qu'il a déraciné un petit arbre il le ramène au feu et l'y jette, sans ménagement. Avec une grande peur il remarque qu'un bois encore vert ne brûle pas bien. Alors il prend son mal en patience et laisse sécher ces arbustes quitte à devoir rallumer un nouveau feu.

Ici encore se distinguent deux formes de naufragés : celui qui va se résigner, abandonner son envie d'être secouru et s'en remettra à la chance et un petit assemblage de galets sur la plage, dessinant un S.O.S. L'autre, ce naufragé qui veut s'en sortir quelque soit la réalité de sa solitude, va se trouver des outils, des instruments pour couper des arbres plus gros qu'il va laisser sécher aussi. Si il en a l'idée, il les laissera un peu dans la mer avant de les ramener sur le rivage, pour que le sel les dessèche. En plus du coté sec d'un bois qui brûlera bien, le feu aura une senteur particulière qui ne se définit pas facilement mais laisse indéniablement une trace unique sur le souvenir.

Le feu du naufragé devient une immense couronne de flammes, mais il n'est pas satisfait encore. On approche l'idée de feu du naufragé, il commence à voir les couleurs chaudes et attirantes du feu qu'il a tant désiré. Alors, le naufragé délaisse les premiers secours qui arrivent pour le sauver. Il le leur dit même :

- Désolé. Je ne suis pas satisfait de mon feu.

Il ne leur emprunte qu'une hache et s'en retourne dans la jungle. Fébrile d'approcher la perfection, il ne laisse plus de répit aux arbres. Méprisant tout ce qu'on lui a appris, il devient un animal avec une lame entre les mains. Il déracine, découpe, débite, découvre. Il remet encore son ouvrage sur une enclume imaginaire, il trouve écho en sa situation à celle d'un démiurge devenu fou. Mais qui se satisfait de sa folie, qui a envie de l'explorer, d'en découvrir toutes les facettes et de renaître sous la forme de sa création.

Le naufragé, enfin, arrive à créer son feu. Il voit l'expression de son désir mental sur cette plage ou trône un feu sublime, dont les courbes et l'aplomb sont à la fois intimidants et fondamentalement attirants. Il n'y a plus de jungle, le naufragé l'a transformé en un tout, un ensemble de flammes qui attire le regard à lui depuis très loin sur les mers. Plusieurs secours viennent cette fois-ci et restent ébahis par la folie qui maintenant occupe l'esprit du naufragé. Ce dernier n'a plus qu'un mot dans son vocabulaire :

- Transformer.

Voilà ce que c'est qu'un titre, c'est la transformation d'idées irrationnelles, condensées en un tout mystérieux et immense. J'aurais pu vous dire que je n'avais rien à dire, mais au final je devais certainement avoir inconsciemment envie de dire cela. Comme dit Françoise Dorin : "Il est impossible pour un auteur de raconter la vérité, ce n'est pas concevable."