lundi 20 décembre 2010

Défi de noël, lundi 20 décembre

Bien, malgré une journée forte en émotions personnelles j'ai quand même réussi à me sortir de mes problèmes le temps de vous pondre cela, tout en discutant sur un logiciel de tchat très connu (mais pas à roulette). Commencé aux alentours de 16h00, cette première partie aura été bouclée vers 19h15. Ce n'est qu'un début, c'est assez maladroit, mais on verra bien quelle sera la suite ... demain.

***

Quand vous rentrez, tout commence par une odeur. Certains disent que c'est celle d'un bon whisky tiré de sa barrique, d'autres ont tendance à ressentir en premier lieu les effluves des cigares amoureusement préparés dans leurs boîtes en acajou. Les plus cyniques considèrent simple que tout ce qu'on peut ressentir ici est l'odeur du sang, mêlée lourdement à celle de l'argent. Ces derniers sont incapables de trouver une once de goût à la vie, ils ne pensent que trop par l'immatériel. Incapables de trouver du cachet aux tapis placés de façon à délimiter au sol des zones précises telles que le salon, le boudoir ou bien encore le fumoir. Dans les airs flottaient de nombreuses tentures colorées et décorées, racontant quelques périodes de l'histoire du monde, scénettes qui pouvaient à la rigueur recevoir leur approbation si elles semblaient historiquement fondées. Ils étaient également aveugles à la célébration du courage que montrent, sur les murs plaqués de bois, des photographies ternies par l'âge et qui rendent compte de grandes parties de chasse. On raconte même qu'un des prétendants à une couronne d'Ashtur aurait posé sur une de ces photographies. Nul besoin de dire que l'identité de cet homme fut sujette à de bien nombreuses discussions passionnées, agrémentées de coups de loupes et d'exemplaires de gazette importés pour l'occasion. Ici fleurissent ce genre d'anecdotes croustillantes, dans cet endroit protégé du temps et dont seul la patine indémodable du temps faisant son œuvre avait réussit à marquer sa propre trace.

Un ambiance sonore simple mais distinguée, composée des discussions alentours et de la plainte légère d'un saxophone en plein solo, constituait le cadre qui permettait encore à Alvin de se situer dans l'espace. Légèrement affalé dans un profond fauteuil dont le cuir assoupli par le temps n'émettait plus un seul grincement, il avait fermé ses yeux pour tenter d'échapper à la triste et misérable condition qui était la sienne depuis seulement quelques heures. Les spéculations financières de ses concurrents avaient finalement réussies à avoir raison d'une fortune familiale vieilles de quatre-cents années. Son entourage avait tout fait pour le prévenir, mais Alvin n'avait jamais écouté les autres au point de se ranger derrière leurs sages conseils. Il avait toujours trop aimé son libre-arbitre pour se laisser ordonner une marche à suivre, tout aussi bénéfique fusse t-elle pour lui ou pour ses affaires.

Agissant toujours avec une irresponsabilité mesurée, le dandy avait tout fait pour défrayer la chronique, amuser le spectateur et rendre fou ses associés. Dès ses treize ans déjà, il avait tenté de gravir un des six pics rocheux qui entouraient la baie de Diptob et culminaient à presque trois cents mètres au dessus du niveau de la mer. Grâce à une bonne étoile, la chute qui l'entraîna trente mètres plus bas se termina alors dans une eau assez profonde et au fond sablonneux, seule fait qui put lui éviter la mort. Les journaux acclamèrent sa survie, prenant bien soin de signaler qu'il était passé proche du grand saut, tels une multitude de parents réprobateurs. Si ces derniers pensaient alors l'avoir calmé … Quelle dut être leur surprise quand à peine quelques mois plus tard l'adolescent tenta de naviguer attaché à un submersible à vapeur expérimental, construit par Tyler Gobson, un de ses amis d'enfance, dans une grange du manoir familial. Si l'on considère l'impossibilité de couler comme un point positif, l'exploit fut couronné de succès.

Bien entendu le jeune et turbulent garnement ne s'arrêta pas en si bon chemin, cela lui était même impossible. Aussi la presse trouva en lui un pain béni, dont l'originalité de la composition faisait qu'il n'était jamais rassi. Pendant ce temps les personnes de son rang s'enorgueillissaient de ne jamais avoir affaire à la famille Crawford, dont la semence certainement souillée avait engendré ce rejeton maudit. Mais cette famille était en elle-même un mystère pour tous, même pour Alvin qui n'avait que peu connu ses parents. Non pas car son éducation était en elle-même prise en charge par des internats loin de son habitat, mais plus pour la simple raison qu'eux même étaient particulièrement extravagants.

Profitant de l'immense fortune amassée par ses ancêtres durant plusieurs centaines d'années par le biais d'acquisitions agricoles fructueuses, Walther Crawford et sa femme Debrah avaient voyagé dans le monde entier. Ce couple d'aventuriers n'avait jamais, depuis la date de leur rencontre en terre des brumes, passé plus d'une année au même endroit. De par la fragile constitution d'un enfant, jamais Alvin ne les accompagna mais leurs frasques berçaient l'enfant qui tenta lui aussi l'aventure, mais à domicile. Cependant une vie complètement faite d'aventures aboutit bien souvent à une fin plus que tragique, ce qui fut le cas des parents du jeune ahuri. Ils disparurent lorsqu'il avait à peine seize ans, durant la traversée du désert des âmes, à l'autre bout du monde connu.

Cet événement marqua profondément la psyché d'Alvin qui se retrouve propulsé du statut d'héritier insouciant à celui, beaucoup moins prisé par les adolescents, de futur propriétaire d'une des fortunes les plus colossales de Lewis-thrond. Cela ne l'empêcha pas de continuer ses frasques, qui dérivèrent rapidement du domaine « sportif » à des domaines plus luxurieux et outrageusement dépensiers. Alvin n'était plus l'enfant inconscient qu'on s'attendait à retrouver parfois en lui, la disparition de ses parents l'avait privé du dernier rempart qui pouvait réellement se mettre entre lui et la réalisation de ses caprices. Des centaines d'années de gestion saine du capital des Crawford se retrouvaient maintenant entre les mains d'un playboy sans états d'âmes quand aux dépenses somptueuses, mais inutiles. Les treize dernières années l'avait emporté dans un tourbillon l'éloignant peu à peu des réalités de sa condition et des envies d'expansion que tout bon financier doit pourtant avoir.

Il s'avérait maintenant que cet éloignement avait été calculé de longue date par les mêmes familles qui dénonçaient les exactions d'Alvin lorsqu'il était enfant. Ils pensaient que la famille Crawford avait déshonorée sa position sur les deux dernières générations, les frasques du jeune héritier n'étant qu'une preuve supplémentaire de la maladie mentale qui les poussaient certainement à une irresponsabilité totale par rapport à leur rang de famille marchande. Faire partie du poumon économique du pays ne pouvait plus leur être autorisé désormais. Cette intention de nuire collective se heurta aux solides bases terriennes de la fortune Crawford. Et sans rentrer dans des détails mathématiques que lui même ne comprenait que mal, Alvin savait très bien, maintenant, que c'était pour cela qu'ils avaient mis tant d'années à le faire tomber. Mais voilà qu'ils y étaient totalement arrivés, orchestrant la chute de l'héritier dans une seule journée cataclysmique.

Et pourtant devant les nouvelles venants de ses succursales et annonçant les multiples faillites suivies de rachats immédiats, Alvin était resté assis derrière son bureau, totalement impassible à l'effondrement de sa fortune, se contentant de hocher la tête devant les allers-retours d'un expert bien plus gêné que lui par la situation. La seule chose qu'il avait put terminer pour autant fut son paquet de cigarettes, à une cadence honorable pour quelqu'un qui n'en fumait normalement qu'une tous les trois ou quatre jours, le paquet n'avait pas tenu quatre heures. Ce fut toujours marqué de cette même impassibilité qu'il s'était rendu au Club Chandernagor, pour prendre un dernier verre en tant que financier cabotin.

Relevant la tête de son appui il se frotta les yeux d'une main pataude et consulta sa montre sans se presser. Cela faisait quatre heures qu'il était arrivé au club et avait réservé un salon privé, pour lui seul. Peut être avait-il cédé aux sirènes du sommeil qui l'appelaient depuis deux jours et qu'il s'efforçait de combattre pour gagner un pari. Quel en était l'enjeu déjà ? Était-ce seulement un enjeu rapportant quelque menue monnaie, voilà tout ce qui intéressait Alvin Crawford, ancien propriétaire terrien et maintenant à la tête d'une fortune de trente sous d'argent, soit moitié plus que ce qu'il devait donner aux serveurs pour payer sa consommation personnelle.

L'esprit embrumé, il se demandait si son appartement en ville avait déjà été saisi par ses détracteurs où s'il pouvait encore en profiter pour quelques nuits, le temps de le vendre au plus offrant et de réfléchir un peu à la suite des évènements. Sa seule certitude résidait dans le fait que sa vie serait à jamais transformée par cet échec. Même maintenant qu'il se relevait de son fauteuil pour quitter le club, il n'arrivait pas à se mettre en colère contre lui même ainsi que contre n'importe qui d'autre. Seul lui restait un goût de déception amer au fond de la gorge, comme seuls ceux qui pensaient pouvoir tout obtenir éprouvaient quand on les privait de ce qui leur en donnait le pouvoir pouvaient comprendre. Entrouvrant la tenture qui donnait accès à son salon, Alvin regarda la salle principale qui brillait de par le peu de membres du club présents ce soir. Quelques regards tournés vers lui avaient du mal à masquer leur contentement. La honte des élites de ce pays était maintenant hagard devant eux, débraillée et peinait à se réveiller tout en remettant sa veste de costume.

- Messieurs, ravis de vous avoir montré un spectacle à votre goût.

Lança Alvin une fois sa chemise ajustée tout en se dirigeant vers le comptoir pour régler sa note, sous l'œil manifestement intrigué du barman. Ces derniers n'avaient souvent aucune idée de toutes les affaires qui pouvaient se conclure dans leurs salons privés si confortable. Ils pensaient que les gens n'allaient à leur club que pour se détendre alors que c'était là, près d'un verre d'alcool de grande qualité, que les alliances se tissaient et que les conflits entre négociants pouvaient naître d'une simple divergence sur quel cartouche utiliserait-on pour chasser la perdrix. Des lieux où la bêtise humaine côtoyait les élites d'un pays … Cette dernière réflexion qu'Alvin se surprit à avoir tandis qu'il sortait ses pièces le stoppa dans son élan l'espace de quelques secondes. Il était en effet en train de rallier les cyniques qui pensaient que rien ne pouvait sortir de bon des clubs privés.

Jetant un œil vers ceux qui le regardaient encore et les autres membres du club qui s'en fichaient et savait le faire ressentir d'une simple posture, Alvin prit une décision qui allait changer sa vie à jamais sans qu'il ne puisse s'en rendre compte à l'avance, ce genre de coups de pouces du destin. Sortant son porte-chèques, il fit glisser hors de son rangement une fine carte en bois précieux orné de feuille d'or sur laquelle était gravée le nom du club, les initiales et armoiries d'Alvin ainsi que son numéro de membre. Au fond de lui se développait l'envie de ne plus jamais voir n'importe lequel d'entre eux, de ne plus avoir à affronter leurs regards souillés par la jalousie qu'ils portaient tous à son esprit libre. Il savait qu'il n'aurait plus jamais sa place parmi eux, comme ils l'avaient souhaités, mais il ne leur ferait pas le plaisir d'une humiliation supplémentaire en revenant dans ce club. Posant la carte de membre sur le comptoir, il déposa par dessus une pile parfaitement rectiligne de pièces et sorti de la salle pour retourner aux vestiaires.

1 commentaire:

Nénuphar a dit…

Tiens, ça sent l'autofiction à plein pif.
Cependant, humble avis d'une humble petite chose, je n'accroche pas. Le héros sans doute(on s'en fout de toute son enfance, surtout à ce stade du texte, il faut qu'elle soit reliée à l'intrique (laquelle ?)), pi trop d'emphase et trop peu de contenu derrière. (Outch, sale punch, pardon T_T) Plus constructif peut-être : quel était l'objectif de cette partie ? Il n'est pas clair.
Pi ça part plus comme un roman que comme une nouvelle.
Pardon pour les critiques, n'hésite pas à virer mon post si tu ne le trouves pas constructif. Je lisais un post plus haut et en effet, on s'amuse plus en lisant tes articles : il y a un objectif précis, donc plus de dynamique.
Encore moult pardons et bon courage !